Hier matin, je me suis réveillée en retard. J’avais oublié de mettre le réveil. Et en période de Ramadan, se réveiller en retard veut dire : pas de préparation pour ma journée de jeûne. J’ouvre donc les yeux et je vois poindre le jour. Horreur ! La première pensée qui me vient : « Je n’ai pas bu ! » la deuxième pensée : « Comment vais-je faire pour tenir sans boire toute la journée, ils ont prévu 33° aujourd’hui ?! ». Et ainsi s’enchaînent les pensées toutes aussi réjouissantes et positives les unes que les autres. La crise d’angoisse n’est pas loin.
Ceci est le début de ce qui aurait pu être une journée très désagréable.
Mais voilà, et c’est là l’objet de cet article, le travail que je fais sur moi depuis quelques années entre en jeu et me sauve. Je vais utiliser mon intelligence émotionnelle.
Me voici donc confrontée à une épreuve. J’ai déjà soif et je dois tenir jusqu’à la tombée du jour avant de pouvoir m’hydrater. Vous allez me dire : eh bien tu n’as qu’à boire ! Bien sûr c’est une option. Sauf que pour moi, le Ramadan c’est du sérieux. C’est une période extrêmement riche d’enseignement spirituel, d’ouverture à ma capacité de mieux me connaître, à l’empathie pour la souffrance d’autrui, de stimulation de ma clairvoyance, d’apaisement et de créativité car la digestion me pompe en temps normal beaucoup d’énergie… bref, pour moi le choix de rompre le jeûne de cette journée est exclu.
Et c’est là que nous rentrons dans le vif du sujet et du premier des paramètres de l’intelligence émotionnelle. Et il s’agit là d’un choix, début de toute démarche constructive. Un choix généralement précédé ou suivi d’une période d’observation. Car l’intelligence émotionnelle ne peut exister que grâce à la prise de recul que permet l’observation de soi et au choix de le faire, évidemment.
LE CHOIX : Un point de départ, une intention posée
Le premier paramètre est donc le choix. Un choix qui intervient à toutes les étapes de l’utilisation de notre intelligence émotionnelle.
Dans un premier temps, le choix (qui est plutôt un non choix d’ailleurs à ce stade là, car ma conscience n’est pas encore apte à faire un choix elle est sous l’emprise de l’émotion) de me laisser dominée par l’émotion, de me transformer en victime impuissante, de me plaindre toute la journée de la soif, de laisser libre court à ma mauvaise humeur, de focaliser toute mon attention sur ma souffrance inhibitrice de tout plaisir et de toute démarche constructive.
Ou le choix de réagir et de ne pas me laisser envahir par un mental destructeur de plaisir et d’intelligence lorsqu’il est sous le contrôle d’une inconscience de soi. Le choix de renouer avec mon incroyable potentiel à rebondir et à apprendre de mon expérience, aussi désagréable soit elle. Puis dans un deuxième temps et après la période d’observation de moi-même, le choix d’utiliser tel ou tel outil nécessaire à l’apaisement de mon corps, de mes émotions et de mes pensées.
Les choix interviennent tout au long du processus de connexion à soi car l’intelligence émotionnelle découle directement de notre connexion à nous-même. Ces choix sont les garants de notre mise en action et de notre autonomie.
L’OBSERVATION : outil de base de la connaissance
Cette observation de soi, deuxième élément de cette intelligence émotionnelle, passe par l’observation de ses sensations corporelles car c’est dans le corps que commence la réaction émotionnelle source de nos choix de vie. Un corps qui, en fonction de l’événement rencontré va se crisper, préparant ainsi les muscles à réagir par la fuite, le combat ou l’immobilisation, les trois réactions autonomes et instinctives qui s’offrent à nous pour notre survie. Un corps qui va faire intervenir le système neurovégétatif, ce système autonome qui régule notre respiration, les battements de notre cœur, notre digestion… nous préparant ainsi à agir pour préserver notre vie. Un corps qui au niveau viscéral (les surrénales pour ce qui concerne la peur) va lancer le processus hormonal adapté à la situation en diffusant l’adrénaline et le cortisol nécessaires à tout le processus de réaction d’urgence. Bref un corps parfaitement intelligent et adapté pour que nous puissions traverser les épreuves dans les meilleures conditions possibles.
Donc voilà ce que je vais observer de moi, les sensation corporelles liées à mon état émotionnel, dès que je prends conscience que mon mental s’emballe. C’est cela qui va me permettre de prendre le recul nécessaire pour faire de nouveaux choix adaptés. Parce qu’il faut bien l’admettre, dans nos vie sédentaires et relativement sécurisées, il est rare que nous ayons besoin de combattre ou de fuir ou de nous immobiliser totalement pour passer inaperçu. Nous ne sommes que rarement confrontées à des situations qui mettraient notre vie en danger. C’est donc souvent notre mental, nos pensées qui nous font croire au danger, ce qui déclenche souvent bien malgré nous des réactions totalement inadaptées à la situation. C’est en nous reconnectant à notre corps que nous pouvons reprendre contact avec une réalité plus objective.
LE MENTAL : Arme d’auto-destruction massive ou réel allié de notre bien-être
Notre mental, et c’est là notre troisième clé d’accès à notre intelligence émotionnelle, se base sur une mémoire ancestrale et mimétique souvent transmise par nos parents, notre éducation, notre culture, notre religion, les médias… et sur nos expériences vécues durant la petite enfance et enregistrées sous forme émotionnelle uniquement, ne donnant accès à aucun souvenir conscient. Car notre cortex préfrontal, cette partie du cerveau qui analyse, réfléchit… ne devient totalement mature qu’à 25 ans ! Ce qui veux dire que beaucoup de nos expériences d’enfants et plus particulièrement de notre petite enfance (jusqu’à trois ans), période où le cortex préfrontal n’est pas encore en état de fonctionner, sont oubliées. Ces souvenirs émotionnels, liés le plus souvent à des peurs, des manques affectifs, des inconforts relationnels, des traumatismes, sont engrammés dans notre corps et ressortent de la même manière (dans notre corps) lorsque nous rencontrons des événements qui nous renvoient à ces premières expériences de vie. D’où des réactions souvent exagérées, totalement inadaptées à la réalité de notre vie d’adulte.
La bonne nouvelle c’est que nous pouvons, par un travail d’ouverture de la conscience et grâce à la plasticité neuronale (la capacité du cerveau à apprendre et à créer de nouvelles connections synaptiques en permanence) faire évoluer ces perceptions souvent erronées de nous même et de notre environnement et ainsi favoriser un rapport à soi plus apaisé et surtout plus juste et mieux adaptées à l’adulte que nous sommes.
LE CORPS : Un point d’ancrage incontournable
Et c’est là que nous abordons le quatrième volet important de l’intelligence émotionnelle : Le corps. Car c’est à partir de nos sensations corporelles que vont se créer soit le confort, soit l’inconfort de notre vie. L’émotion étant une réaction physiologique (du corps), lorsque l’émotion est agréable nous nous sentons globalement bien et lorsque l’émotion est désagréable nous nous sentons globalement beaucoup moins bien. Il est à noter que la réaction émotionnelle peut provenir d’un événement extérieur tout autant que d’une pensée, du fameux mental.
Le corps, ce grand oublié de nos sociétés « tout mental » porte pourtant en lui une intelligence parfaite qui, par des pratiques psycho-corporelles et énergétiques adaptées telles que la méditation, la Gymnastique Sensorielle, la Fasciathérapie, le Qi Gong… peuvent permettre de remettre en lien notre intelligence corporelle avec notre intelligence cognitive (le mental). Lorsque nous accédons à notre globalité psycho-corporelle, nos compétences deviennent quasi sans limites car la communication corps-esprit nous offre des informations totalement cohérentes avec nos besoins fondamentaux. En effet, le corps contrairement au mental sous influence, ne ment jamais. Nous pouvons alors, à partir de pratiques destinées à apaiser le corps apaiser l’esprit et tout devient fluide. Un corps détendu entraîne un esprit détendu et réciproquement et c’est dans cette détente là que se crée notre vie. Une vie totalement adaptée à ce que nous sommes profondément et ça fait un bien fou.
Pour en revenir à mon expérience d’hier matin, la peur, émotion considérée comme primaire tout comme la colère, la tristesse et la joie, m’a envahie. Peur de souffrir de la soif, peur de passer une journée épouvantable, de ne pas pouvoir faire ce que j’avais prévu… Bref des peurs crées de toute pièce par la projection de mon mental, car à ce moment là je n’éprouvais qu’une vague sensation de soif tout à fait gérable. Mon corps parfaitement autonome, influencé par l’inquiétude de mon mental, a commencé à me fournir les réactions adaptés à mon émotion de peur : mon cœur s’est accéléré, ma respiration aussi, j’ai commencé à transpirer… Bref mon corps à préparé ma réaction de survie. Sauf que là il n’y avait aucune réaction d’urgence à mettre en oeuvre… Le choix était déjà fait, il fallait que je tienne jusqu’au soir et ce dans les meilleures conditions possibles.
La solution était ailleurs. Et c’est là que mon intelligence émotionnelle est entrée en action. Parce que oui, lorsqu’on parle d’intelligence émotionnelle il est aussi question d’action. Et c’est là qu’intervient le cinquième paramètre de l’intelligence émotionnelle.
LES ACTIONS ET LES OUTILS : Les portes d’accès à la conscience et à l’apaisement
L’action qui va venir calmer notre corps dans un premier temps et notre mental dans un deuxième temps. Car sans action, il ne se passe rien et je continue à laisser mon mental tourner en boucle autour de la problématique. Celle-ci devient alors un obstacle insurmontable car je deviens la victime de ma peur. Je deviens impuissante. Cette émotion amplifiée et déformée par le mental n’est plus initiatrice d’une réaction adaptée de survie, elle se transforme en arme d’auto-destruction massive. Une arme tournée contre soi-même qui empêche totalement toute réaction saine et adaptée.
Par contre si je rentre dans une action, ma peur est entendue et elle fini par disparaître. Et si de sur-crois je choisis une action spécifique pour calmer mon corps alors tout rentre dans l’ordre et je peux même bénéficier des effets secondaires non négligeables de cette expérience : j’apprends, je prends conscience ce qui me permettra plus tard de revivre ce type d’expérience avec beaucoup plus de sérénité.
Il y a donc plusieurs actions/outils à mettre en place.
La première qui va me permettre de prendre le recul nécessaire face à l’expérience et dont j’ai parlé plus haut, c’est l’observation. L’observation de ce qui se passe en moi au niveau de la sensation, des émotions et des pensées.
Je vais commencer par observer ma sensation, je vais observer/ressentir où se situe l’inconfort : poitrine serrée, respiration difficile, battement du cœur en folie, muscles tendus… et là un premier travail peut commencer pour calmer la peur. Et ce premier travail passe par l’accueil de toutes ces sensations déclenchées par l’émotion. C’est à dire que j’observe et je laisse la sensation se déployer dans toute son intensité à l’intérieur de mon corps. Je ne laisse la place à aucune pensée dans cette expérience là. Je me laisse vivre mon ressenti corporel émotionnel et c’est tout. Je m’accepte ainsi et j’accepte le message de l’émotion. Un moment pas toujours confortable où ça tire, ça brûle, ça s’affole… C’est parfois à la limite du supportable, ça peut faire peur cette sensation là. Mais si je me fais confiance, si je fais confiance à la perfection de mon corps, si j’empêche ma pensée d’intervenir pour ne focaliser que sur la sensation, cela suffit bien souvent à désenclencher l’émotion qui est le plus souvent entretenue uniquement par le mental.
Au niveau de l’émotion, je vais entrer dans une démarche plus active afin de libérer mon corps de manière volontaire des états désagréables que provoque l’émotion (sensation d’étouffement, battements de coeur désordonnés, mal au ventre, transpiration excessive…). Cette démarche qui va intervenir directement sur le système neurovégétatif (vous savez, le système autonome qui gère notre respiration, les battements du cœur, la digestion…). utilise le seul moyen qui permet d’intervenir de manière volontaire sur ce système normalement parfaitement autonome : la respiration. Enfin il y a bien un autre moyen qui intervient sur ce même système. Il s’agirait d’enclencher l’activité digestive en mangeant pour apaiser le système sympathique (qui prépare à l’action) et stimuler le système parasympathique (qui apaise. Voir plus bas pour le détail ou dans cet article pour encore plus de détails). Mais si l’on veut préserver notre silhouette, ce n’est pas recommandé.
Nous allons donc respirer. Mais nous n’allons pas utiliser n’importe quelle respiration. Nous allons utiliser une respiration contrôlée qui va favoriser une expiration plus longue que l’inspiration. Car c’est sur l’expiration que nous stimulons le système parasympathique, ce système qui, associé au système sympathique (qui forment ensembles le système neurovégétatif) gèrent toutes nos fonctions vitales. Le système parasympatique qui favorise la détente musculaire, l’apaisement de notre système respiratoire et circulatoire, la reprise de la digestion… va donc être stimulé par notre expiration longue et douce. Je ne m’étalerais pas là sur la technique, vous pourrez trouver de plus amples informations dans cet article qui parle de respiration positive ou sur cette vidéo de respiration consciente chantée et sur les fiches pratiques et les vidéos que je partage sur ce blog.
Au niveau des pensées, du mental, les deux actions précédentes vont permettre la prise de recul nécessaire à une analyse plus juste de la situation puisque l’apaisement retrouvé dans le corps et l’émotion engendrera naturellement l’apaisement de l’esprit. Cela favorisera une analyse saine de la situation et ainsi la découverte de solutions mieux adaptées, la mise en place de nouvelles actions plus justes et, chose non négligeable, la prise en compte de l’expérience vécue (avec tout ce qu’elle peut comporter de source d’apprentissage, de croissance personnelle et de plaisir lorsqu’on parvient à se sortir d’une situation de manière adaptée, créative et agréable). Toute notre expérience fera sens et nous offrira un regard plus ouvert non seulement sur ce même type d’expérience future mais aussi pour d’autres expériences de vie. Car l’expérience est la base de l’apprentissage, la pourvoyeuse de nouvelles connections neuronales et grâce à elle, surtout lorsque cette expérience est conscientisée, nous devenons plus intelligent, plus ouvert, plus conscient.
Pour en revenir à l’élément de base de l’intelligence émotionnelle, l’observation, un travail de fond sera nécessaire pour en favoriser les compétences. La méditation (vous trouverez quelques clés pour méditer ici et des audios pour vous guider ici) est un formidable outil qui, pratiqué régulièrement, viendra grandement amplifier votre sens de l’observation, votre capacité à vous ouvrir et à prendre conscience, votre patience et également votre intelligence car elle permet également le développement de la matière grise du cerveau.
Voilà, j’ai terminé de taper mon article à 17h hier et je n’ai absolument pas souffert de tout ce que mon mental inquiet avait projeté pour moi avant que je n’entre dans l’utilisation de mon intelligence émotionnelle.
J’ai donc observé ma première réaction de peur dans mon corps et j’ai fait le choix de l’accueillir et de l’accepter pour ce qu’il est : un message, une information. Puis j’ai fait le choix d’entrer dans une seconde action : j’ai respiré profondément pour laisser à mon corps puis à mes pensées le temps et l’opportunité de s’apaiser et j’ai pu accueillir l’information saine que ma offerte la pensée rassurée. J’ai donc très bien profité de ma journée et j’ai même pu écrire cet article inspiré de mon expérience.
Si j’avais écouté les pensées issues de ma réaction première insufflée par mon émotion de peur, j’aurais certainement passé ma journée à laisser ma sensation de soif envahir tout mon mental. Je me serais peut être économisée toute la journée en me plaignant et en me culpabilisant de mon oubli de mettre le réveil. Je n’aurais pas été au marché, je n’aurai pas fait de bonnes affaires aux fripes, je n’aurais pas acheté de thon frais qui m’a servi à faire mes conserves de thon à l’huile d’olive (un vrai délice !), je n’aurais pas fait mes lessives, je n’aurai pas écrit cet article hier, je ne l’aurais pas tapé et totalement changé cet après midi et je ne vous l’aurais pas partagé…
J’espère que cet article vous aura donné l’envie d’ouvrir votre conscience à cette subtile forme d’intelligence qui change réellement la vie et notre perception du monde. Si c’est le cas, je vous souhaite une bonne pratique car c’est par la l’expérience qu’on apprend, ne l’oubliez pas. Prenez bien soin de vous.
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8 novembre 2017 à 23:02
Waouh, quel enrichissante information..
Merci Claire, pour ce cadeau, reste plus qu’à le mettre en pratique.
Bises
9 novembre 2017 à 13:23
Merci michel de ton enthousiasme