« Un cerveau sans corps n’existe pas » – J.D. Vincent, neurobiologiste

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La méditation de pleine conscience semble prometteuse en recherche fondamentale et clinique. Face à ce qui pourrait ressembler à une mode et à un engouement, comment réagissent les scientifiques ? La Vie a interrogé le neurobiologiste Jean-Didier Vincent.

 

Des études mettent en avant l’impact positif de la méditation de pleine conscience sur la santé, et notamment le stress. Qu’en pensez-vous ?

Le contraire serait surprenant. Quand nous mobilisons par le corps nos capacités de concentration, nous pouvons entrer dans des sortes de sensations d’apesanteur, gagner en paix intérieure. On peut obtenir ces états par différents moyens. Les techniques de yoga ou l’hypnose aboutissent à ces états d’éveil attentif, soit par le jeu de l’attention à la respiration, soit par le travail de l’attention dirigée sur un point du corps. On obtient des états de conscience particuliers qui sont efficaces sur l’individu. Et ce constat n’est pas nouveau ! Déjà, en 1905, le docteur Schultz avait élaboré une méthode dite de « training autogène », une technique de relaxation et d’autohypnose qui, par un état de concentration sur son corps, permettait d’atteindre des états de conscience particuliers, à même de réduire le stress. La méthode était utilisée en psychiatrie et en psychologie.

Peut-on affirmer que notre cerveau est à l’écoute du corps ?

Oui il faut le dire ! Un cerveau sans corps n’existe pas. Notre chair, et tout ce qui vient du monde par nos affects, parle à notre cerveau et à notre pensée. L’action cérébrale est affectée par les passions, les sentiments. Et donc si nous agissons au niveau de ces émotions, nous agissons sur la base même du cerveau. On a longtemps cru que tout ce qui était de l’ordre des sentiments et des émotions était commandé par l’instance supérieure du cortex, ce cerveau dit noble. Or, les affects précèdent l’acte de la pensée ; la pensée émerge sous l’instance des émotions.

D’où l’importance pour calmer le mental de la relaxation ?

Oui, tout ce qui agit par le corps a un réel impact sur notre pensée. On a pu observer, par exemple, que lors d’un état de méditation bouddhiste, c’est le pariétal droit du cortex qui est activé et cultivé. Ce qui est normal puisque c’est ce centre droit qui gouverne la perception de notre corps.  La deuxième chose dont nous sommes sûrs, c’est que notre cortex travaille tout le temps. Notre cerveau ne se repose jamais. Mais 90 % de son activité demeure inaccessible à la conscience. C’est ce fameux « bruit de fond » du cerveau dont nous ne savons rien encore ou si peu de choses…

Peut-on, par la méditation, modifier vraiment la plasticité du cerveau ?

Plasticité du cerveau, on abuse un peu de ce mot ! Mais il est vrai que le cerveau est extraordinairement plastique. Ses structures se modifient avec le temps et on sait maintenant qu’il s’auto-répare quand il est lésé. Certaines régions, comme celle qui gère la narration, la mémoire de base comme la mémoire des lieux par exemple, sont extrêmement plastiques. Donc, oui, on peut stimuler certaines parties de notre cerveau et les modifier. Et, à l’inverse, la dépression peut faire perdre certaines régions en plasticité.

Vous qui êtes agnostique, croyez-vous aux effets de la prière ?

Je dis volontiers que la prière est efficace. Elle met le cerveau dans un état psychique de conscience accentuée, un état de vigilance particulier par rapport à la maladie, d’où son influence sur la guérison par exemple. Et il n’y a pas besoin de croire en Dieu pour prier, pour que la grâce influe sur une guérison. Je distingue la foi, un phénomène intellectuel réfléchi, le produit de votre dialogue intérieur et la croyance qui est de l’ordre de la représentation intérieure et qui ne s’explique pas. Je crois que les gestes de la prière ont une portée profonde ; en impliquant le corps, ils mettent en jeu la plasticité de notre cerveau et touchent à nos neurones. Le cerveau entier va à la messe. 

Peut-on imaginer que cultiver la paix mentale de nos cerveaux par la méditation ou la prière puisse avoir un impact sociétal ?

Avec les nouvelles technologies, notre perception du monde se trouve véritablement bouleversée ; avec l’irruption du virtuel et de l’abstraction, notre système de référence intérieur est modifié. L’homme d’aujourd’hui est perturbé. Alors s’il peut de temps en temps s’élever par l’extase pour reprendre un point de vue différent sur les choses, revenir à son corps par la relaxation et donc reprendre pied en lui-même, cela peut l’aider à vivre. Mais en la matière, il faut rester prudent. Oui, les exercices méditatifs qui suscitent la paix intérieure peuvent avoir un effet très positif sur notre santé. Oui, il vaut mieux méditer ou prier que de dépendre des anxiolytiques ou des antidépresseurs, ces médicaments qui créent des dépendances.  Mais essayer ces techniques fait partie aussi d’une aventure spirituelle personnelle. Et je ne crois pas qu’on puisse résoudre miraculeusement notre malaise ou notre mal-être collectif en s’adressant au seul  niveau individuel.

L’homme reste un animal social et il faut faire attention à sa capacité à subir des influences négatives, à pallier les angoisses qui agitent son âme, en écoutant de mauvais maîtres. Justement parce que le cerveau est modifiable, qu’il n’est pas fixé définitivement, il faut bien regarder où pratiquer. Je crois que tout ce qui se fait dans un cadre hospitalier, au protocole très encadré, reste un bon repère. Il faut toujours garder raison, ne jamais oublier l’impact des émotions, des passions, des croyances sur notre vie. Ne jamais se couper de ce qui nous relie au monde.

propos recueillis par Elisabeth Marshall

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Claire Relience - Somato-psychopédagogue, Auteure & thérapeute holistique en cabinet et en ligne
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